lundi 6 février 2012

La proto-mondialisation : Du chapeau de Vermeer aux 4 parties du Monde



Aujourd'hui présentation comparée de 2 ouvrages : Le Chapeau de Vermeer de Tymoty Brook et les 4 parties du monde de Serge Grunzinski (édition point histoire chez seuil).

J'ai eu l'occasion de lire ces livres à quelques mois d'intervalle. Bien que de facture et de présentation totalement différentes, la similitude du sujet les rend très proches l'un de l'autre.

Si les deux sont des œuvres de spécialistes, les 4 parties du monde est un ouvrage d'universitaire avec une découpe logique du propos en chapitre et sous-chapitres dûment annotés tandis que le Chapeau de Vermeer est un livre plus original qui s’appuie sur la description succincte de quelques unes des œuvres du peintre flamand qui sont autant de prétexte (porte dit l'auteur) à pénétrer les sentiers parfois tortueux des évolutions aux conséquences mondiales qui se mettent en place à partir des grandes découvertes dans les relations entre les différentes parties du monde.

Le géographe, l'une des peintures qui sert de prétexte à l'auteur du Chapeau de Vermeer pour nous dépeindre l'une des conséquences de la proto-mondialisation.


Si le livre de Grunzinski est d'avantage centré sur l’Amérique et plus particulièrement sur les terres de la nouvelle Espagne ainsi que sur le XVIè siècle, celui de Brook l'est sur la Chine et le XVIIè siècle.

Une "exotica" mixture des savoir-faire des 4 parties du monde qui se répand en Europe à partir du XVIème siècle.

Les deux ouvrages s'emploient à montrer les effets des transculturations conséquentes à la mise en place des routes commerçantes à l'échelle du monde. La route portugaise d'orient via le cap de bonne espérance et le sous-continent indien, et la route espagnole d'occident via les Caraïbes, Acapulco et les Philippines après la traversée souvent oubliée de l'océan Pacifique.
Je dois avouer que j'ai été surpris par l'importance de cette seconde voie dite espagnole. Si la portugaise m'était bien connue, ne serait-ce que par ce qu'elle est la première et que je l'ais étudiée depuis ma plus tendre enfance, la seconde m'était totalement inconnue. Bien sûr, je savais que les Philippines appartenaient à la couronne d'Espagne à l'époque moderne, mais j'avais pas du tout réalisé que s'était en prenant la route de l'occident et pas celle de l'océan indien qui avait permis cette implantation ibérique et même lorsque tardivement j'avais pris connaissance de l’existence de cette voie, son importance ne m'était pas venu à l'esprit.



Les deux ouvrages s'emploient à nous montrer que si les échanges avec l'Europe étaient déterminant, ceux entre les Amériques et l'extrême orient ou l'Inde l'étaient tout autant et cela d'autant plus qu'ils ont rarement fait le sujet d'études dans notre corpus occidental. Ce commerce inter asiatique orchestré par les puissances maritimes européennes eut des conséquences improbables et durables sur les sociétés du "bout du Monde".

La vue de Delph, au second plan à droite derrière le bateau, l'arsenal de l'armée des Provinces Unies (aujourd'hui musée national de l'armée des Pays-Bas), mais c'est le grand bâtiment au fond à gauche qui intéresse l'auteur du Chapeau de Wermeer.

L'étude de ces interactions est tout à fait passionnante. Dans les 4 parties du monde le côté universitaire et rigoureux peut rebuter le lecteur de par son austérité alors que le chapeau de Vermeer, d'une approche plus informelle et culturelle, sera accessible au plus grand nombre, mais les considérations philosophiques de l'auteur et son éminente connaissance de la Chine rendent parfois ses propos indigestes alors que la conclusion des 4 parties du monde et sa synthèse en font un ouvrage tout à fait intéressant si pas surprenant; je vous laisserai apprécier la comparaison avec le film Matrix situé en conclusion de ce dernier et qui a de quoi vous interpeller :mrgreen:

Stéphane

3 commentaires:

  1. C'est malin. Donner envie de lire un livre, d'accord, mais deux d'un coup ???

    Pour l'instant je les ai mis dans mes pense-bêtes sur babelio, qui sont uneantichambre de la Montagne A Lire.

    Le bouquin à partir de Vermeer n'a pas les reproductions des tableaux je suppose ?

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  2. Si, fait exceptionnel qui aurait effectivement mérité d'apparaitre dans ma chronique. Les tableaux d'introduction de chaque chapitre sont reproduit en couleur dans les pages centrale (pour une fois), en revanche, d'autres tableaux secondaires auxquels il fait référence ne le sont pas. Mais ce n'est pas un ouvrage de critique d'art. LEs tableaux ne sont vraiment qu'un prétexte pour introduire ses propos. Il permettent néanmoins de créer une ambiance de l'effet papillon des plus intéressantes.

    STéphane

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  3. Pareil que le Psilète . C'est malin ....

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